Bata, un cordonnier à la conquête du monde

Auteur(s) / Réalisateur(s)
Peter Kerekes
Année
2018
Diffuseurs
Arte GEIE, Czech TV
Coproduction
Negativ Film, Kerekes Film
Soutiens
Fond cinéma Tchèque, Fond cinéma Slovaque, CNC, Région Alsace, Eurométropole de Strasbourg
Durée
75'/52'
Résolution
HD
Langue originale
Anglais, Indien, Français, Brésilien

Tomas Bata a créé à la fin du 19ème Siècle à Zlin (aujourd’hui en République Tchèque), la première grande entreprise multinationale avec la volonté de chausser le monde entier. Visionnaire ? Utopiste ? Démiurge ? Ce film nous raconte l’incroyable destin de cet homme, pionnier d‘un capitalisme paternaliste et mondialisé, dont l’héritage inattendu, encore très présent en Inde, en Afrique et en Amérique du Sud, interroge notre modèle économique actuel et notre rapport au travail.

Ce qui tenait le plus à cœur à Tomas Bata était la qualité de ses chaussures et le bien être de ses employés. Héritier d’une lignée de 16 générations de cordonniers, il avait en tant qu’apprenti, appris toutes les étapes de fabrication d’une chaussure. Il était ainsi capable de dialoguer sur un pied d’égalité avec ses employés, qu’il appelait ses « collègues ». Il reconnaissait leurs compétences, la valeur de leur travail. Mais il attendait d’eux d’être aussi investis que lui dans l’entreprise. C’est ainsi qu’il pensa, dans les moindres détails, leurs conditions de travail et leur environnement de vie.

Premier exportateur mondial de chaussure en 1928, le succès fut à la mesure de l’immense ambition de Bata qui vivait selon sa propre devise : « Le mouvement, c’est la vie ; s’arrêter, c’est la mort ». Tomas Bata était un « homme de l’Est », à l’esprit foisonnant, souvent excessif dans ses aspirations et ses actions. Une personnalité hors norme.

Alors qu’il allait inaugurer l’une de ses premières filiales à l’étranger, afin de contourner les barrières douanières, Tomas meurt en 1932 dans un accident d’avion. Son frère Jan Antonin reprend alors l’entreprise et poursuit son expansion. Inspirés du fordisme, ils ont développé non seulement des procédés de fabrication de masse de chaussures mais aussi de véritables cités industrielles : pour leurs ouvriers et leurs cadres, les Batamen, ils construisent des villes modernes et avant-gardistes, avec des écoles, des installations sportives, des instituts de formation professionnelle, etc. Leur politique, en marge des idéologies de l’époque (communistes, fascistes, anarchistes,…), conserve cependant la volonté de tout organiser selon une vision globale : capitaliste et paternaliste, elle permettait aux employés de Bata d’être relativement privilégiés, mais dans l’objectif de rester performants, au service de l’entreprise.

Où se situe la frontière entre utopie et totalitarisme ? Jusqu’où aller dans ses ambitions ? Peut-on aujourd’hui encore apprendre de sa philosophie entrepreneuriale ? Autant de questions explorées, entre passé et présent, de la Tchéquie à la Moselle, en passant par le Brésil, l’Inde et le Kenya sur les traces de Bata et des Batamen. Un récit choral et émouvant, plein de malice, qui propose une réflexion inédite sur le sens du travail.