Le parlement de musique
De Franz Xavier Richter sera donné un Te Deum inédit, sauf erreur, dans lequel nous saurons retrouver les qualités d’un compositeur qui a su concilier la rigueur du contrepoint hérité de Fux, le brillant de l’École de Mannheim et les foucades propres à ce courant venu d’Allemagne du Nord que l’on nomme Empfindsamer Stil (« style sensible »), prompt aux changements d’éclairage imprévisibles destinés à traduire le flux et le reflux des passions.
Il ne fait aucun doute que Martin Gester, qui sait conjuguer, dans les répertoires qu’il aborde, élan, ferveur et subtilité, devrait faire merveille dans des œuvres où l’idiome classique est plus chahuté qu’on ne le croit. Il convient de saluer au passage la ténacité de ce chef, qui s’attache, avec beaucoup de détermination, à faire connaître les compositeurs actifs à Strasbourg au XVIIIe siècle, tels Jacques Antoine Denoyé (Messe à grand chœur et symphonie, Ambronay, 2008) ou, justement, ce Richter incompréhensiblement négligé par les interprètes, quand les quelques œuvres qui surgissent ponctuellement au catalogue d’éditeurs courageux prouvent qu’il s’agit d’un compositeur passionnant, comme l’atteste l’impressionnant Fuga e Grave en sol mineur qui illustre ce billet, trop marqué par l’Empfindsamer Stil pour être, à mes yeux, attribué à Hasse.